Percy YIP TONG

Date : 
Mardi, 21 Mai, 2019
Expert culturel de l’OIF pour l’Océan Indien et l’Afrique australe et de l’est et président du jury chanson aux Jeux de la Francophonie 2017 à Abidjan

Il est directeur artistique et producteur de Cyper Produktion, structure mauricienne active dans la promotion des artistes de la zone sud-ouest de l’Océan Indien et d’Afrique de l’est et Formateur en Management Culturel pour l’Institut Goethe. Il a également participé en tant que jury aux Jeux de la Francophonie Liban 2009 et Nice 2013.
 

  • Vous n’êtes pas à votre première participation en tant qu’encadrant/jury lors des Jeux de la Francophonie, en quoi est-ce important d’y participer ? Et de faire participer les chanteurs de différentes délégations ?

J’ai été impliqué à trois éditions des Jeux de la Francophonie. C’était à chaque fois une expérience humaine inoubliable et enrichissante. Pour tous les participants, athlètes, artistes, organisateurs et bénévoles, les Jeux de la Francophonie sont un moment unique de fraternité, de créativité artistique, de performances sportives, de partage humain, tous réunis autour de la langue française pour célébrer ensemble la richesse de la diversité du monde francophone.


C’est important pour les chanteurs mais aussi pour les participants des autres disciplines artistiques et sportives vu la visibilité que ces Jeux leur offrent

  • Quels ont été vos meilleurs moments pendant les Jeux ? Quelle édition vous a le plus marqué ? 

Il y a tellement de beaux moments vu la qualité artistique présentée et l’ambiance générale lors des compétitions que c’est difficile de choisir. Un des moments forts, car plus personnel, a été quand mon pays l’Ile Maurice a gagné la médaille d’or en danse de création à Beyrouth et à Abidjan. Un des plus petits Etats de la Francophonie avec peu de moyens a battu des pays possédant des infrastructures et un encadrement plus professionnel. C’est aussi cela la magie des Jeux où petits Etats et pays émergents peuvent rivaliser avec les pays développés du Nord.
Chaque édition a marqué de différentes manières. Abidjan pour l’ambiance, Beyrouth par l’accueil de qualité et Nice malgré la mauvaise organisation pour le niveau des compétitions.

  

  • Les Jeux de la Francophonie se veulent être un tremplin pour les jeunes, qu’en pensez-vous ? 

Les Jeux de la Francophonie sont une opportunité unique pour tout artiste émergent ou sportif prometteur. C’est un tremplin pour se faire remarquer et lancer sa carrière grâce à la visibilité médiatique des Jeux et la présence de professionnels respectés dans chaque discipline. Il ne faut pas négliger non plus l’expérience humaine d’une participation aux Jeux qui enrichit la personnalité et l’épanouissement d’un jeune.

  • Quel est votre sentiment sur l’évolution des Jeux après vos différentes participations ? Et que représentent les Jeux de la Francophonie pour vous aujourd’hui ?

J’ai participé aux trois dernières éditions Jeux. Ce qui me surprend c’est qu’alors que la couverture médiatique augmente avec la hausse des retransmissions télévisées et l’apparition des réseaux sociaux et que les Jeux ont un succès grandissant, on est en train de se poser des questions sur la raison d’être de ces Jeux. La raison avancée concerne surtout le coût élevé des Jeux. Le problème est donc surtout financier, raison même du désistement du Nouveau-Brunswick pour les Jeux de 2021.
C’est vraiment dommage car les Jeux ont pris de l’ampleur depuis ses débuts. Plus de visibilité, plus de pays, plus de participants donc forcément des coûts logistiques et administratifs plus élevés. C’est la rançon du succès. Le financement ne devrait pas être une raison pour mettre en cause l’existence des Jeux. Car les Jeux sont la vitrine de la fraternité humaine et palpable de la Francophonie. C’est aussi important que les autres activités politiques, économiques ou pédagogiques de l’OIF qui eux aussi coûtent chers
Pour vous montrer l’ampleur et l’importance que les Jeux ont pris, surtout pour les pays de sud, un petit pays comme l’Ile Maurice avait envoyé pour la 1ere fois une équipe de la télévision nationale pour couvrir les Jeux de la Francophonie à Abidjan.
Les Jeux de la Francophonie sont un exemple à suivre et ne doivent pas être freinées par des considérations financières, Car c’est un investissement rentable pour former nos jeunes à devenir meilleurs et représente un bel exemple de fraternité et d’enrichissement humain.                           

  • Comment envisagiez-vous les Jeux de 2021 ?

Je les envisage comme les Jeux précédents, un grand moment de fraternité et de diversité autour de l’art et du sport. J’espère que les etats et gouvernements membres de l’OIF surtout ceux du Nord réalisent que les Jeux sont nécessaires et utiles pour cimenter les liens entre eux et sont la meilleure vitrine du monde francophone.

  • Selon vous, en quoi est-il important de réunir compétitions sportives et culturelles dans un seul et même évènement ? Avez-vous un souvenir qui soulignerait votre argument ?

C’est la raison principale pour laquelle les Jeux de la Francophonie ne doivent pas disparaître. Réunir compétitions sportives et culturelles est vraiment la valeur ajoutée et le facteur essentiel qui rendent les Jeux de la Francophonie uniques au monde. Les Jeux Olympiques et les Jeux du Commonwealth ne concernent que le sport. Aux Jeux de la Francophonie, on ne se repose pas uniquement sur des performances sportives basées sur les capacités physiques mais aussi sur des œuvres artistiques mettant en valeur la créativité et l’imaginaire. Les Jeux de la Francophonie sont un exemple à suivre. Ils représentent beaucoup mieux la jeunesse pour qui les activités sportives et culturelles sont les bases mêmes de leur épanouissement extra-scolaire.

La présence culturelle aux Jeux de la Francophonie apporte un cachet artistique qui donne une ambiance particulière et unique qu’on ne retrouve pas aux autres Jeux. Ici artistes et musiciens viennent soutenir les sportifs de leur pays au son des percussions et tambours. C’est aussi très utile pour apporter la joie et l’ambiance au sein même de la population. Car pour les épreuves sportives, le public doit se déplacer dans les gymnases et stades. Les épreuves culturelles ont l’avantage de pouvoir aller vers la population comme le concours de Hip Hop qui se déroule dans les espaces publics. Il y a aussi le défilé des participants au concours de marionnettes géantes qui déclenche une ambiance de Carnaval dans les rues de la ville. Offrir la possibilité aux jeunes artistes et sportifs de se rencontrer et de partager mais aussi de vivre ensemble au village des Jeux est la spécificité même et la raison d’être des Jeux de la Francophonie Allier créativité artistique et performances physiques dans un même lieu où diversité, fraternité et solidarité deviennent réalité est un phénomène tellement rare de nos jours. Les Jeux de la Francophonie est un exemple à suivre. Longue vie aux Jeux de la Francophonie.