Portrait de Michel Deronzier

Ancien expert sportif du CIJF pour les Jeux de la Francophonie​

Vous qui avez connu toutes les éditions des Jeux en tant qu’ancien expert, du Maroc en 1989 en France l’an dernier, quel est votre sentiment sur l’évolution des Jeux après vos différentes participations ? 
“Au fil des éditions, les Jeux se sont construits, ont bien évolué par le nombre de Pays participants, la couverture médiatique, l’implication des fédérations internationales, le développement du volet culturel … Pour le volet sportif, les Jeux doivent encore grandir. Si pour certaines disciplines comme le Judo, la Lutte, avant il y a avait la boxe, les Jeux comprennent des compétitions de bon niveau, d’autres disciplines comme l’athlétisme, le tennis de table, n’attirent pas encore l’élite ou les nouveaux talents souhaités. Le CIJF travaille sur ces points car il faut rendre les médailles plus attractives pour le monde sportif.”

De par votre expérience internationale et votre statut d’expert sportif, quel a été votre rôle lors des Jeux ? 
“Le rôle du CIJF est d’aider le Pays organisateur à réaliser de « beaux Jeux ». Pour moi, mon rôle s’inscrivait dans cette démarche : alerter le CNJF sur les exigences des Fédérations Internationales, des Pays participants, des athlètes, des officiels. Cela m’amenait à aborder tous les secteurs depuis les infrastructures de compétition, d’entrainement, d’échauffement, les transports, les officiels locaux et internationaux, la flexibilité de la restauration…Il faut tout prévoir pour toutes les disciplines sportives qui ont des besoins très spécifiques. Pendant la durée des Jeux, j’étais plus à la disposition des Délégués Techniques qui sont des invités et qui conduisent les compétitions ; je les aidais à réaliser pleinement leurs missions en essayant de trouver des solutions à tous les problèmes qui ne manquent pas de surgir au fil des jours .Une sorte d’agent de liaison car je connaissais les personnes et les services qui pouvaient répondre à toutes les demandes.”

Quels ont été vos meilleurs moments pendant les Jeux ? Quelle édition vous a le plus marqué ? 
“C’est difficile car chaque édition a sa spécificité, mais celle qui m’a le plus marqué est la 3éme à Madagascar par la chaleur, l’enthousiasme, la participation de la population. Il y a autant de difficultés qu’ailleurs mais une ambiance collective, un cadre de vie, une communion.”

Comment envisagez-vous les Jeux 2017 en Côte d’Ivoire puis les Jeux de 2021 ? 
“Je pense que les jeux en Côte d’Ivoire seront une réussite pour plusieurs raisons. Le peuple Ivoirien qui participera pleinement, Abidjan qui est une très belle ville, très vivante, une unité de lieu pour l’hébergement de tous les participants dans le cadre splendide de l’université, peu de déplacements, une concentration des sites ….Donc tout pour réussir. Pour 2021, quel que soit le Pays choisi, je souhaite que la période 2017 / 2021 permettra d’organiser ou d’identifier des compétitions sportives qui seront sélectives pour les Jeux, que l’on parle des Jeux, qu’ils soient l’aboutissement d’actions conduites pendant cette période de 4 ans.”

Selon vous, en quoi les Jeux proposent une diversité sportive francophone et une politique sportive nationale ? 
“L’originalité des Jeux réside dans l’association Sports et Culture. Les compétitions amènent une certaine dynamique dans les États participants, l’année des Jeux, mais n’impulse pas une politique sportive nationale sauf si l’ensemble des acteurs arrivent à faire vivre les Jeux durant les 4 années qui séparent les éditions. En Afrique francophone nous manquons de compétitions et les Jeux sont motivants, comme les Jeux régionaux, mais cela ne fait pas une politique sportive nationale.”

Les Jeux de la Francophonie se veulent être un tremplin pour les jeunes, qu’en pensez-vous ? Avez-vous des exemples ? 
“Les Jeux, dans toutes leurs éditions, ont permis l’éclosion de nouveaux talents. On parle souvent de David Douillet, de M-J Perec, de Womplou, d’Ami Mbacke, Mélanie Engoang…mais il est nécessaire de pouvoir accompagner ces talents détectés : offrir des stages, aider à la participation à des compétitions, donner des bourses de courte ou longue durée, c’est ce que j’appelle valoriser les médailles. Chaque Fédération Internationale identifie à chaque édition un ou plusieurs talents dans leur discipline. Ne pourraient-elles pas proposer un suivi de ces athlètes ? Il y a encore beaucoup de travail à faire pour que les Jeux occupent, dans l’espace sportif et culturel, la place qu’ils méritent. ”

Michel Deronzier

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