Youval Ifergane

Date : 
Jeudi, 2 Mai, 2019
Youval Ifergane est expert et animateur officiel de la compétition Hip-hop (danse) aux Jeux de la Francophonie 2017.

Il est aussi danseur français de la 1ère génération de Hip-hop européenne, organisateur de la compétition Break ligue en France et animateur attitré d’un grand nombre d’évènements nationaux et internationaux de Hip-hop.

• Quelles ont été vos motivations pour accepter de devenir l'animateur officiel Hip-hop (danse) des Jeux de la Francophonie ? 

Je n’ai pas longtemps réfléchi pour accepter. D’une part, j’ai tout de suite voulu car c’est une toute nouvelle aventure enrichissante mais également parce que c’était une occasion de promouvoir le Hip-hop dans le monde entier. Je voulais aussi montrer que la compétition aux Jeux de la Francophonie était une compétition qui ne dénaturait pas le sens de cette danse. Les figures ne sont pas imposées, les danseurs sont libres et respectés à tous les niveaux, ce sont de vraies "battles" (joutes) que tous les gens du milieu pourront observer de près.

• De par votre expérience internationale et votre statut d’expert et animateur aux Jeux de la Francophonie, quels ont été vos meilleurs moments pendant les Jeux ?

J’ai pu découvrir ce que représentait réellement la Francophonie : une quarantaine de nationalités présentes et un évènement d’ampleur internationale similaire aux Jeux Olympiques. C’est un bouillon de culture, toutes les délégations se rassemblent et on se rend compte de l’importance de l’organisation qui est mise en place, c’est impressionnant. J’ai beaucoup apprécié les rencontres avec chacun, ces échanges si riches, même en dehors des compétitions lorsque par exemple, des danseurs comme des jurys ou d’autres participants d’autres disciplines venaient danser ensemble. Je faisais des «live» sur les réseaux sociaux pour expliquer et faire partager à un maximum depersonnes ce que sont les Jeux de la Francophonie.

• Que représentent les Jeux de la Francophonie pour vous aujourd’hui dans le monde du Hip-hop ?

La plupart des gens amoureux du Hip-hop ont découvert les Jeux de la Francophonie en 2017. Ces jeux sont connus par l’Afrique mais moins dans les pays « développés ». Par ma notoriété dans le Hip-hop, j’ai pu faire prendre conscience au milieu que c’était un évènement important. On parlait de menu imposé, de protocole et de règlementation mais en réalité il fallait venir pour voir que la liberté du Hip-hop était très bien respectée. Je pense que les Jeux de la Francophonie n’ont pas les retours qu’ils devraient avoir, ils méritent d’être très connus. Plus les gens vont s’intéresser à ces Jeux, plus l’économie du Hip-hop pourra se développer car cela touche tellement de pays. La Francophonie est une réelle opportunité pour développer cette discipline.

• Et comment envisagiez-vous les Jeux de 2021 ?

J’aimerais que le Hip-hop ait une plus grande place : la compétition devrait accueillir plus de monde et être répartie sur plus de jours. Il y a 1 500 évènements en France et tellement de danseurs partout dans le monde, c’est une occasion pour rendre l’évènement encore plus important dans le monde entier. La liberté qu’offre les Jeux de la Francophonie est une réelle force : les femmes, les handicapés peuvent concourir tous ensemble. L’évènement a une vraie longueur d’avance sur les autres grands évènements institutionnels et ils pourraient par exemple s'ouvrir aux « Kids » car c’est l’avenir. Et, pour aller plus loin, ouvrir plusieurs catégories dans la compétition (sol, debout, kids etc...) rendrait l’évènement encore plus important.

 Les Jeux de la Francophonie se veulent être un tremplin pour les jeunes, qu’en pensez-vous ? Avez-vous des exemples ?

Bien sûr, c’est salvateur. Ils permettent aux jeunes de rencontrer des ministères pour développer leur discipline dans leur pays, certain n’ont pas la chance d’avoir une fédération ; c’est une opportunité pour valoriser la discipline et un vrai tournant pour aller de l’avant. Il y a aussi une plus-value considérable, celle de venir en Afrique pour une délégation française par exemple et, à tous, de se rencontrer, travailler ensemble, danser etc. Il y a beaucoup de partage et d’occasion de tisser des liens et de venir faire par exemple des stages gratuits chez les uns et les autres. J’avais aussi le rôle de leur transmettre l’histoire du Hip-hop.

• Selon vous, avec l’ajout du Break dance aux Jeux Olympiques de Paris 2024, que pensez-vous de la position des Jeux de la Francophonie qui garde le Hip-hop (danse) dans la catégorie compétition culturelle ?

Tout le monde dans le Hip-hop voit cette danse comme de la culture. Il y a de la musique, des inspirations, de la création personnelle et artistique avec des codes propres aux danseurs. La liberté chorégraphique laissée par les Jeux de la Francophonie apporte un vrai show et des prouesses artistiques hors pairs. L’avantage des Jeux de la Francophonie c’est que chaque "battle" (joute) est libre, c’est la diversité artistique de chaque danseur qui engendre des performances de très haut niveau. En positionnant le break dance (dance au sol) comme une compétition sportive, le Hip-hop est alors segmenté. Je pense qu’avant 2024, les Jeux Olympiques modifieront l’appellation de la discipline.

Finale Hip-hop (danse) VIIIes Jeux de la Francophonie Côte d’Ivoire / Abidjan 2017