Viva à la Côte d'Ivoire ! Merci à l'OIF ! par Amadou Lamine Sall

Date : 
Mardi, 1 Août, 2017
Hommage à la Côte d'Ivoire et à l'Organisation internationale de la Francophonie à l'occasion des VIIIes Jeux de la Francophonie, de la part d'Amadou Lamine Sall, poète, lauréat des Grands Prix de l’Académie française et président du jury littéraire international des VIIIes Jeux de la Francophonie

Oui, la première médaille d’or de ces 8es jeux de la Francophonie va tout naturellement à la Côte d’Ivoire, terre de beauté, de parfum de fruits, de joie de vivre et d’aimer. Tous ceux qui sont venus prendre part à ces Jeux, ont aimé et béni ce pays pour que plus jamais il ne connaisse la guerre, la division et la haine. La Côte d’Ivoire est trop belle pour vivre dans la peur et l’incertitude. Le Président Houphouët Boigny ne dort pas. Il veille sur son héritage. Ces héritiers, qui qu’ils soient, sont d’abord les enfants de la Côte d’Ivoire. Ce qui doit compter d’abord c’est la Côte d’Ivoire, ensuite la Côte d’Ivoire, enfin la Côte d’Ivoire. Nous avons trouvé et rencontré une jeunesse ivoirienne généreuse, fraternelle, prête pour l’avenir et que personne ne doit décevoir. La preuve : son accueil et le nombre de médailles que ses candidats aux différents concours ont moissonné. Ce beau pays ne peut plus reculer. Il est condamné à avancer, il est condamné à grandir l’Afrique, il est condamné à démontrer à la face du monde combien il participe à la richesse économique de notre espace et des autres espaces géographiques du monde. Ces Jeux de la Francophonie lui ont donné l’occasion de donner, au-delà du monde francophone, une raison de croire en elle, en ses capacités multiples d’accueil, de fraternité, de solidarité, de partage, de victoire, de respect. Le devoir et le droit du peuple ivoirien sont de rester des sœurs, de rester des frères. C’est uni que la Côte d’Ivoire est belle, forte, invincible.

Que l’on nous permette ici, au nom de tous les pays et de tous les participants à ces 8es Jeux de la Francophonie, de dire un grand merci au merveilleux peuple ivoirien, au Président Ouattara, si ouvert, si attachant, à son gouvernement, au maire d’Abidjan et à ses équipes. A ces remerciements, nous ajoutons l’Organisation internationale de la Francophonie avec sa jolie et contagieuse Secrétaire générale, Michaëlle Jean, les solides experts de l’OIF dont l’inépuisable Mahaman Lawan Sériba, directeur du Comité International des Jeux, sans oublier les acteurs ivoiriens membres du Comité National ivoirien des Jeux. Tous, avec leur cœur, ont donné le meilleur d’eux-mêmes pour grandir la Côte d’Ivoire, renforcer cette belle famille de la Francophonie et cette belle langue française avec laquelle nous avons fait des enfants de l’oxygène, au carrefour des prodigieuses langues africaines. Cette Francophonie-là, doit vivre et prospérer.

Le MASA d’Abidjan, autre célèbre manifestation internationale du Marché des Arts du Spectacle Africain, est né sous le Président Houphouët Boigny, alors que Alassane Ouattara était Premier ministre et la Francophonie dirigée par l’écrivain, poète, penseur, professeur, Jean-Louis ROY, du Canada-Québec. C’est un signe si, c’est Alassane Ouattara devenu Président de la République de la Côte d’Ivoire qui reçoit, au nom du peuple ivoirien et de l’espace francophone, ces 8es Jeux de la Francophonie, donnant de nouveau à son grand et beau pays d’accueillir un événement culturel et sportif international de taille. C’est sa chance. D’autres fils de la Côte d’Ivoire viendront demain, après lui, à la tête de ce pays, pour renforcer cet héritage, cet acquis, dans la paix et cette capacité de bâtir et d’aller à la rencontre des autres peuples du monde. Rien ne doit plus faire peur à la Côte d’Ivoire. Les chemins de l’avenir lui sont ouverts. Elle doit y croire, la première. Nous avons tous lu dans le cœur et le regard du peuple ivoirien un optimisme invincible. Cet optimisme et cette force d’être désormais ensemble et de vivre ensemble seront plus forts, plus puissants que les armes et la division. Il faut en faire un acte de foi. Désormais, le peuple ivoirien veille sur son propre destin. Personne n’ira plus mourir dans la rue, alors que les enfants protégés des autres continuent de vivre loin de la terreur. Nous avons tous une mère. Voilà ce que partout en Afrique, ceux qui ont fait de la politique et des ruches du pouvoir leur miel, doivent recevoir comme message final. La politique ne doit plus être l’ennemi du progrès et l’irrespect du peuple. Cette règle est devenue non négociable pour la dignité humaine et la justice sociale.

Nous souhaitons que la Francophonie vive, qu’elle prospère. Par l’organisation de ces Jeux, elle a démontré que la voie royale est là, au cœur de cette rencontre unique des jeunesses francophones, au service de la culture et du sport. C’est là, véritablement, que la Francophonie accomplit le meilleur de ses rêves et prouve la beauté irremplaçable de sa mission. Nous demandons un investissement financier moins massif dans la politique, moins shooté à la politique, mais plutôt plus porteur dans la culture, les arts, la création, les échanges, même si la politique reste cette arène sensible et douloureuse qu’il faut protéger, car elle est la source de tous nos maux et notre espoir de bâtir non des monstres et des dictatures métalliques, mais plutôt des États apaisés, démocratiques, réconciliés avec l’humain, plus respectueux de la justice sociale et du développement de leur peuple.

C’est sous Jean-Louis Roy qui quitte ses fonctions de Secrétaire général en 1997, avant de laisser place à Boutros Boutros-Ghali en 1998, et l’arrivée d’Abdou Diouf en 2003, que le problème du visa francophone a été posé et débattu. Je me rappelle avoir pris part, à l’époque, aux travaux qui allaient être soumis aux Chefs d’État, afin de décider de l’institutionnalisation de ce visa tant sollicité, pour permettre une libre circulation dans l’espace francophone, mais encadrée. La France et le Canada s’y opposeront. Jean-Louis Roy avait regretté une telle posture, dans ses déclarations courageuses de l’époque.

Quand on regarde et que l’on voit les merveilles réussies par la Côte d’Ivoire et l’OIF, dans l’organisation de ces 8es Jeux de la Francophonie en terre africaine. Quand on regarde et que l’on voit cette vague déferlante des émotions, des embrassades, des larmes, des amitiés tissées entre tous ces milliers de jeunes venus d’horizons différents, mais partageant la même mer francophone, on ne peut, de nouveau,  que hurler de toutes ces forces, pour demander enfin l’institution de ce visa francophone, afin de permettre à nos artistes, créateurs, écrivains, femmes et hommes de culture, sportifs de haut niveau, de se visiter mutuellement, d’échanger, d’enrichir davantage notre espace et de « rapprocher les peuples par le dialogue permanent des civilisations », comme le stipule depuis Niamey, la charte de la Francophonie.

Nous en appelons ici au Président Alassane Ouattara pour porter avec Michaëlle Jean, ce combat certes difficile, mais pas impossible, auquel se joindront, nous en sommes convaincus, le Premier ministre du Canada Justin Trudeau, les Présidents Macky Sall, Emmanuel Macron, Ibrahima Boubacar Keïta, Patrice Talon, Mouhamadou Issoufou, Paul Biya, Denis Sassou Nguesso, Roch Marc Christian Kaboré, et tous les autres.

Au commencement, la Francophonie était sainte, dit-on ! Elle retrouve ce grand esprit, ce grand cœur, ce grand élan de générosité. Puisse-t-elle alors aller plus loin, au-devant de ce grand espoir de sa jeunesse, de ses créateurs, placé en elle et réaffirmé ici en terre africaine, dans cette Côte d’Ivoire que nous aimons tant et pour laquelle nous prions tant.