En plus d'être le Directeur Technique de Lutte africaine aux Jeux de la Francophonie, Malam Barka Akoda est Directeur Technique National de Luttes du Niger depuis 2003 ; Enseignant Permanent à l’Institut National de la Jeunesse des Sports et de la Culture (INJS/C) de Niamey ; Directeur technique des Fédérations Nationales de lutte de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO/AFLAO) ; Directeur Technique UWW (Union Mondiale de Luttes), de la Commission Mondiale de la Lutte Africaine ; Expert - Formateur UWW. 

• Quelles ont été vos motivations pour accepter de devenir le directeur technique national de lutte du Niger et délégué Technique de la Lutte Africaine aux Jeux de la Francophonie ?   

Au Niger les luttes traditionnelles occupent une place prépondérante dans la vie de chaque individu au niveau surtout de nos différentes sociétés traditionnelles. Il est difficile, de trouver un Nigérien, des plus hautes autorités administratives, coutumières, religieuses, élus, fonctionnaires, commerçants, opérateurs économiques, étudiants, forces de l’ordre et de sécurité à tout les niveaux n’ayant jamais pratiqué le sport de la lutte à un moment de sa vie. 

Mon amour profond et ma motivation pour la lutte, est que sans le savoir, le destin m’a envoyé dans un département (Maradi) et dans un arrondissement (Aguié) au centre du Niger, localités où, les jeux et sports traditionnels en général et le sport de la lutte traditionnelle en particulier trouvent leurs noblesses envers les gardiens de nos valeurs ancestrales et traditionnelles qui sont les chefs coutumiers mais aussi auprès des populations en général.

Au Jeux de la Francophonie Nice 2013, la Lutte Africaine a été retenue et intégrée comme discipline de compétition. Pour prendre l’organisation technique et matériel de cette nouvelle discipline honorée par les hautes instances de l’OIF à travers le CIJF, la Fédération Internationale de Luttes Associées devenue (UWW), me nomma délégué Technique de cette discipline pour ces Jeux de Nice 2013 lesquels, malgré les quelques notes d’inquiétudes observées, la Lutte Africaine à pleinement joué son rôle pour ses Jeux d’après les résultats de l’évaluation du volet sportif dans son ensemble.

L’engouement suscité par les compétitions de la Lutte Africaine aux Jeux de Nice 2013, a contribué dans l’engagement sans aucune faille des organisateurs à tous les niveaux pour que l’arène du palais des Sports de Treichville à Abidjan soit tout le temps et toujours pleine à craquer pour une « discipline qui, avec le football », est la plus prisée de cette édition d’Abidjan 2017. Les compétitions ont vu le public affluer pour apprécier et vivre les grands moments des combats de la Lutte Africaine, que nous avions jugé au niveau technique très satisfaisant, malgré la non maitrise des règles par certains pays participants. Les lutteurs espèrent ainsi faire de ces Jeux de la Francophonie une vitrine pour leur sport, le sport de la Lutte Africaine.

Avec tout ce parcours, dans une discipline pour laquelle, vous vous êtes donné corps et âme, de nuit et de jour, une discipline où vous avez participé à son évolution « du simple jeu villageois jusqu’à son rayonnement vers le sport de haut niveau, du village à l’international ». Il n’y a pas de meilleure motivation que de l’amener sur un évènenement comme tel !

• De par votre expérience internationale et votre statut du délégué technique UWW, de Lutte Africaine aux Jeux de la Francophonie, quels ont été vos meilleurs moments pendant les Jeux ?

- Le jour où, après les séances réussies de démonstration,  la participation en personne de Son Excellence le Président de la République du Niger accompagné des hautes autorités de l’OIF et des ambassadeurs des pays participants aux Jeux de Niamey 2005, à la  finale de la Lutte Africaine discipline non officielle en compétition. Après vérification c’est à la seule finale d’un sport donné que le président de la République a honoré de sa présence. 

- Le jour où, le public Niçois a pleinement répondu présent lors de la finale en Lutte Africaine a émerveillé ce public qui pour la première fois a découvert cette discipline à sa première participation comme discipline de compétition.

- Quand les autorités Ivoiriennes sont restées ébahies face cette arène prête à accueillir les compétitions de la Lutte Africaine pour les Jeux d’Abidjan 2017, pourtant sans espoir il y a deux semaines de cela. Notons à ce niveau, que la volonté et l’engagement politique des autorités Ivoiriennes, du dynamisme du CNJF, du FIL et l’accompagnement du CIJF ont permis au technicien de l’UWW d’accomplir ce merveilleux travail.

- Toutes les évaluations ont ressorti que les compétitions de la Lutte Africaine ont pleinement contribué à la réussite des différentes éditions des Jeux de la Francophonie (Niamey 2005, Nice 2013, Abidjan 2017) et qu’il faut faire avec. 

• Que représentent les Jeux de la Francophonie pour vous aujourd’hui pour le sport de la Lutte Africaine ? 

Parti d'un "simple jeu villageois", la lutte a amorcé la valeur sportive dans sa globalité.  Cette précision, nous permet d’abord de dire que,  l’UWW et la CONFEJES ont pleinement contribué pour faire de cette discipline un style sportif de compétition de haut niveau en finançant les experts qui ont fait le tour du monde pour compiler les différentes formes de lutte, élaborer un règlement spécifique de ce nouveau style et organiser la première édition du championnat d’Afrique en 1995 au Niger. Le CDJS / CEDEAO a permis de maintenir le cap et de permettre à ce sport de survivre en finançant chaque année les éditions du tournoi de TOLAC de Niamey et le Tournoi de la Ville de DAKAR et aussi la retenir au niveau des Jeux de la CEDEAO.

La Francophonie quant à elle, a, à travers le CIJF, réhaussé le niveau de compétition de cette noble discipline issue des traditions du monde entier en lui permettant de franchir les frontières de l’Afrique et de bénéficier d’une vulgarisation vers les autres continents. 

En considérant les éditions des Jeux de la Francophonie de Niamey 2005, Nice 2013 et surtout celle d’Abidjan 2017, où les compétitions de la Lutte Africaine avec le Football ont ravi la vedette à toutes les autres disciplines par l’engouement sans précédent créé par ses disciplines, nous pouvons désormais compter sur les Jeux de la Francophonie pour encore réhausser le niveau de la pratique internationale de ce sport émergent, vœux ardent de l’UWW. 

• Comment envisagiez-vous les Jeux de 2021 ? 

Les Jeux de 2021, doivent se tenir. C’est presque un défi, nous sommes confiants que quelque soit le pays qui accueillera les Jeux de la Francophonie, les compétitions de la Lutte Africaine se réaliseront sans aucun problème et quelques soient les délais. De part : 

- L’aménagement et/ou la construction des infrastructures relatives à la Lutte Africaine ne demandent pas beaucoup de moyen et de temps comme le définissent les règles régissant cette discipline par rapport aux autres.

- Le matériel et les installations techniques par rapport aux normes internationales et à la gestion des combats (calendrier sur trois jours) ne sont pas très exigent et réalisable avec peu de moyen.

- Aussi, l’édition d’Abidjan 2017, nous a permis de faire le constat que les lutteurs engagés en lutte libre s’adaptent très facilement aux combats de la Lutte Africaine, d’où, nous envisageons avec les hautes instances de l’UWW et du CIJF, l’inscription d’un même lutteur en lutte libre et Lutte Africaine. 

• Les Jeux de la Francophonie se veulent être un tremplin pour les jeunes, qu’en pensez-vous ? Avez-vous des exemples ?

Considérant les âges retenus par les règlements des différentes disciplines sportives, qui reflètent la jeunesse dans sa maturité, nous retenons et confirmons que les Jeux de la Francophonie représentent le cadre idéal qui donne plus de possibilités à la jeunesse de se mouvoir et de réaliser des performances appréciables. Tremplin par excellence pour les jeunes détectés à travers les épreuves des Jeux de la Francophonie vers les autres grands événements sportifs mondiaux, seulement dans certaines disciplines le CIJF et les Fédérations internationales doivent revoir le système de qualification des joueurs et athlètes mais aussi, instaurer un système du suivi de ses jeunes talents détectés en leur accordant par exemple des bourses sportives ou autres appuis. 

• Selon vous, quelle est la place des Jeux de la Francophonie sur la scène sportive internationale ?

Comme tout grand événement sportif international aux Jeux de la Francophonie, pour chacune des disciplines sportives retenues, les épreuves sont régies par les règlements techniques de la Fédération internationale en question. Ainsi donc nous pouvons noter avec précision que les Jeux de la Francophonie représentent non seulement un événement privilégié pour la détection de jeunes talents francophones, mais ils offrent également l’expérience de la compétition internationale à ces jeunes athlètes. 

Finales Lutte Africaine VIIIes Jeux de la Francophonie Côte d’Ivoire / Abidjan 2017