Entretien exclusif avec Kareyce Fotso

Date : 
Jeudi, 25 Octobre, 2018
« Je pense que les femmes jouent un rôle très important dans le développement de la société»

CIJF : Bonjour, comment-allez-vous ?

Kareyce : Je vais très bien, merci.

CIJF : Que devient Kareyce Fotso ?

Kareyce  : Une artiste musicienne accomplie, qui vit de son art, avec ma guitare et mes percussions j’ai la chance de faire le tour du monde, je partage ma musique, ma passion pour l’Afrique et de la joie enfin je l’espère (rires).

CIJF : Vous utilisez fréquemment des mélodies accompagnées de guitares, mais on vous voit aussi danser très souvent. Quelques temps après votre sacre aux Jeux de la Francophonie, vous avez initié un projet qui vous tenait à cœur, pourriez-vous nous en dire plus à ce sujet ?

Kareyce En effet, j’ai été à l’initiative de la création de la Case des Arts, qui est un centre de formation, de création, de diffusion culturelle et d’animation sociale. Cette idée est née d’un groupe d’amis avec lesquels nous avons créé l’association culturelle Wendy qui porte aujourd’hui ce projet. À travers la Case des Arts nous avons voulu résoudre un problème que nous avons connu quand nous commencions dans les métiers de l’art. Il n’y avait aucun endroit où l’on pouvait se retrouver, rêver, créer, pouvoir toucher du doigt des instruments etc... Cet endroit peut aussi permettre à des jeunes en échec scolaire de pouvoir trouver une passion et pourquoi pas un métier ; nous avons aussi équipé la Case des Arts d’une bibliothèque et d’une scène qui permet à de jeunes artistes d’exposer leurs créations. La Case des Arts c’est avant toute chose un rêve devenu réalité qui donne une chance à nos jeunes frères et sœurs d’avoir un lieu d’expression.

CIJF : Après 2009, vous avez été désignée Ambassadrice des Jeux de la Francophonie, aux côtés de Jean Jean Roosevelt, avec qui il me semble vous entretenez des relations étroites.

Kareyce : Oui, Jean Jean Roosevelt est un très grand artiste, bourré de talent, il a d’ailleurs obtenu la médaille d’or au concours de chanson aux Jeux de Nice en 2013. Jean Jean Roosevelt est un artiste socialement engagé qui œuvre beaucoup auprès des jeunes de son pays à Haïti, j’ai d’ailleurs pu m’y rendre afin de collaborer avec lui sur plusieurs titres.

CIJF : Vous avez plusieurs collaborations à votre actif avec Jean Jean Roosevelt, la dernière étant le titre « On va jurer », auparavant il y’avait déjà la chanson des Jeux de la Francophonie « Akwaba ». En tant que miroir des Jeux de la Francophonie, quelle est votre vision globale des futurs lauréats des Jeux ?

Kareyce : Je pense qu’en tant qu’ainés, nous devons leur donner des pistes d’accompagnement, pouvoir les faire rêver, car aujourd’hui c’est ce qui importe. Une médaille c’est bien mais après la médaille comment se projeter dans le futur ? Nous sommes actuellement dans un processus de réflexion sur comment les accompagner et comment en faire des artistes indépendants et autonomes. L’idée étant qu’après leur participation aux Jeux, nous puissions leur montrer la voie à suivre en essayant de les programmer dans différents évènements relatifs à leur art respectif tels que des galeries, des festivals ou encore des salles de théâtre etc...

CIJF : Kareyce, vous êtes originaire de Bamiléké, un village à l’ouest du Cameroun, vous utilisez des rythmes plutôt proches du Ibo, notamment dans le titre « Kowadi », cette chanson sortie récemment témoigne de votre polyvalence au niveau des instruments mais également au niveau des langues utilisées, comment pouvez-vous nous expliquer cette diversification et surtout cette maitrise de différents genres musicaux ?

Kareyce : Le Cameroun est un pays mélangeant plusieurs ethnies, nous avons plus de 250 langues officielles, j’ai donc voulu dans mon dernier album mettre l’accent sur cette diversité culturelle, j’ai utilisé 8 langues. Le titre « Kowadi» est chanté en langue peul, j’ai voulu à travers cette chanson rendre hommage aux populations du nord du Cameroun.

CIJF : Pour finir, quels sont vos objectifs dans un futur proche ?

Kareyce : Je prépare actuellement un album entièrement dédié à la Femme qui devrait sortir début 2019, cet album s’intitulera « Powerful Woman », je pense que les femmes jouent un rôle très important dans le développement de la société, et je souhaite à travers ce nouveau projet rendre hommage à toutes les femmes qui font bouger les lignes. Je pense qu’il était temps en 2018, de célébrer toutes les victoires acquises en faveur de la cause féminine par toutes ces femmes fortes qui mènent un combat de tous les jours afin que le monde se transforme et que la Femme ne soit plus reléguée en seconde zone pour que finalement elle ne se place plus derrière l’homme mais à ses côtés..